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Le soleil
bas, dans l'eau, fait un trou flamboyant
Où le regard brûlé s'abîme avec les songes ...
Un arome d'horreur rôde en l'air délétère
Et je rêve de rêves, à l'ombre des mystères
de l'économie...
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Des avis sur les retraites en 2003 ...
La question des retraites est épineuse.
Jean-Jacques Walter en fait aujourd'hui
le tour... et arrive à des conclusions qui ne feront
peut-être pas plaisir à tout le monde.
REFORME DES RETRAITES : A QUI FAIRE
CONFIANCE ?
Vous le savez mieux que personne, la retraite
est une chose sérieuse.
Chaque Français l'attend avec
impatience, pensant que c'est à ce moment-là qu'il pourra
faire tout ce qu'il n'a jamais eu le temps de faire avant : lecture,
voyages, jardinage, bricolage... et s'occuper de ses petits-enfants,
faute de s'être occupé de ses enfants !
Mais pour tout ça, il faut du temps et... de l'argent...
Du temps, on en a. Surtout si on est issu de la
fonction publique :
En moyenne, les hommes vivent pendant 23 ans à la retraite - 24
ans pour les femmes.
En
revanche, dans le privé les hommes
profitent en moyenne pendant 13,6 années de leur retraite et les
femmes pendant 14,7 ans !
Question d'horloge biologique ou...
d'inégalités devant le nombre d'années à
cotiser et de pénibilité au travail...
Et de l'argent ?
Certes, on n'en a jamais assez, mais vous êtes beaucoup mieux
loti si vous êtes... fonctionnaire.
Que voulez-vous, les petites "avancées
sociales" font les grands "avantages acquis" de la fonction publique.
Penchons-nous sur ces avantages pour mesurer
combien ces salariés de l'Etat servent au mieux la devise de
leur employeur : Liberté, Égalité,
Fraternité.
Dans le public, on cotise 37,5 années ; dans le privé 40
années ...
Dans le public, le taux de cotisation est de 7,85 % ; dans le
privé de 9,55 à 11,35 % ...
Dans le public, la pension est calculée sur les six derniers
mois ; dans le privé sur les... 25 meilleures années ...
Dans le public, chaque année manquante ampute la pension de 2% ;
dans le privé, de 10% ...
Dans le public, le minimum vieillesse est de 944,87 euros ; dans le
privé 577,91 euros
Je préfère m'arrêter là et vous faire
grâce des mille et un autres "petits avantages" qui font
qu'aujourd'hui la pension moyenne d'un fonctionnaire est de 1.458 euros
et celle d'un salarié du privé de... 899 euros.
Il y a
aussi deux avancées majeures dont
la comparaison n'est pas permise : la PREFON et les Régimes
Spéciaux.
La PREFON est un système
de retraite par capitalisation
réservé aux fonctionnaires, dans lequel chacun est libre
d'adhérer et qui permet, en plus de préparer sa retraite
individuellement et à son rythme, de déduire
entièrement les cotisations du revenu imposable.
Pour les autres, circulez, y'a
rien à voir !
Les Régimes
Spéciaux ont eux aussi été
créés après la Seconde guerre mondiale pour
pallier une faible rémunération et un travail
pénible dans certaines entreprises publiques.
Soixante ans plus
tard, ces raisons ont disparu mais les 128 régimes
spéciaux sont toujours là.
Dernière chose.
Il est évident que ce
n'est pas le faible taux de cotisation,
loin s'en faut, qui va payer les pensions des fonctionnaires.
Non, l'effort est fait par
l'employeur, c'est-à-dire l'Etat,
autrement dit, les contribuables !
Ce qui a permis à
l'Etat, grand seigneur, de revaloriser en dix
ans la pension de ses agents du double de ce qui a été
fait dans le privé.
La France ne va pas tout le temps nager
à contre-courant
Tous les pays européens ont lancé une réforme de
leur système de retraite.
La branche retraites de la Caisse des Dépôts et
Consignations est la première à fustiger les choix ou
plutôt les non-choix gouvernementaux.
Elle vient de publier une étude à ce sujet et les
constats sont accablants.
Tout y passe :
le système par répartition qui est virtuellement en
faillite
les élus qui font une vague réforme dans le cadre d'un
plan quinquennal alors que le problème doit être
traité dans sa globalité et doit tenir compte des
données économiques et démographiques des
années 2020, 2030, 2040...
Si d'ici 2020 rien n'est fait, voilà les
mesures qu'il faudra prendre :
augmenter la durée du travail de 6 ans ou de... 50 % les
cotisations des salariés !
De quoi allumer la guerre des générations...
Quelle
chance a un système par
capitalisation "réservé à tout le monde" de voir
le jour en France ?
Il y a bien eu une loi dans ce
sens en 1997, présentée
par le député vosgien Jean-Pierre Thomas. Mais à
la suite du changement de gouvernement, les décrets
d'application n'ont jamais été publiés. Que
voulez-vous, la politique a ses raisons que la raison ne connaît
pas...
Le gouvernement de Lionel Jospin a
remplacé cette loi par une usine à gaz qu'il gère
à sa guise. Son nom : Fonds de Réserve des Retraites.
L'idée est simple : accumuler 5 milliards d'euros par an pour
atteindre 152 milliards d'euros en 2020.
Pourquoi 152 milliards ?
Demandez aux "experts" !
Seul hic, les rentrées ne sont pas aussi importantes que
prévu.
Souvenez-vous par exemple des fameuses licences UMTS pour les
téléphones portables nouvelle génération.
Quatre étaient à vendre.
Seulement deux d'entre elles ont trouvé preneur.
De plus, l'Etat ponctionne
systématiquement le Fonds de Réserve pour payer entre
autres le financement des... 35 heures !
Bref, voilà comment la loi Thomas, simple idée qui
consiste à mettre sur pied un système d'épargne
individuelle volontaire, s'est transformée en tuyauterie
technocratique ubuesque.
A qui confier la réforme :
Aux syndicats ?
Aux élus ?
En France, les syndicats ont deux
spécificités :
la première, c'est d'être concentrés dans le
secteur public, donc de défendre les "avantages acquis" des
copains
Normal.
La seconde, c'est de faire l'inverse de ce qu'ils prônent.
Marc Blondel, farouche défenseur des fonctionnaires et
apôtre de la répartition, bénéficie ainsi
que sa femme d'une retraite par capitalisation, financée
à hauteur de 80% par son employeur, Force Ouvrière.
Les élus aussi ne sont pas en reste.
"On est jamais mieux servi que par
soi-même", dit le dicton !
Un député peut partir à la retraite à 55
ans avec 1.572 euros par mois à vie, le double s'il fait 2
mandats de 5 ans, et ainsi de suite !
Un sénateur peut lui partir à la retraite à 53 ans
avec 1.415 euros et le double s'il fait 2 mandats de 9 ans.
Bref, les privilèges sont concentrés là où
se concentre le pouvoir !
Rien
de nouveau me direz-vous.
Mais alors que faire ?
La Sécurité
sociale et les caisses complémentaires
absorbent, chaque année, 3 mois de salaire d'un salarié
du privé.
Ponction obligatoire oblige, la
France étant l'un des rares pays
au monde où l'affiliation à une caisse
complémentaire est obligatoire !
En plus, ce même
salarié du privé contribue
à payer la retraite des fonctionnaires.
Fraternité oblige !
Et à qui demande t-on l'avis pour
réformer les retraites ?
Aux agents d'EDF !
On croit rêver.
Le courage politique serait plutôt de
lancer un grand référendum national pour demander aux
Français ce qu'ils souhaitent.
Encore faut-il poser clairement les bonnes questions !
Voilà qui donnerait une crédibilité au
gouvernement Raffarin, plutôt que de le voir traiter avec les
syndicats, les caisses de retraite (gérées paritairement
par les syndicats, autre exception française) ou encore le
Conseil de surveillance du Fonds de Réserve des Retraites
(constitué des principales centrales syndicales et dont le
vice-président n'est autre que Jean-Christophe Le Duigou,
Monsieur retraite de la... CGT !).
Meilleures
salutations,
Jean-Jacques Walter
Jean-Jacques Walter est ingénieur de l'Ecole des Mines et a
publié une dizaine d'ouvrages, dont plusieurs essais sur
l'économie française.
Après avoir étudié de près les
différents systèmes de retraite à travers le
monde, il anime aujourd'hui des conférences sur le thème
de la retraite
en France
et en Europe.
Autre piste de réflexion ...
Les scénarios alternatifs au plan du
gouvernement suivent quatre pistes principales
LE MONDE | 15.05.03 | 13h18 •
MIS A JOUR LE 16.05.03 | 15h45
Du régime général par points
aux fonds de pension, d'autres propositions existent pour
réformer les retraites. Les opposants à la réforme
Fillon - de l'extrême gauche à la droite libérale -
accusent le gouvernement d'avoir choisi une approche strictement
comptable.
Quelles sont leurs propositions pour pérenniser le
système des retraites ?
Créer un régime général par points.La
proposition ne recueille pas seulement l'adhésion d'Alain
Madelin, député (UMP) et ancien ministre de
l'économie et des finances. Le Centre des jeunes dirigeants
d'entreprise (CJD) y est également favorable, tout comme le
Medef, dont c'était le cheval de bataille au démarrage de
la consultation engagée par François Fillon - mais
l'organisation patronale n'a pas poussé plus avant "puisque ce
n'est pas la piste qu'a choisie le gouvernement", explique son
négociateur, Guillaume Sarkozy.
Aujourd'hui, le régime
général des retraites repose sur un système par
annuités, alors que les régimes complémentaires -
l'Arrco et l'Agirc - fonctionnent sur la base d'un dispositif par
points.
Un affilié constitue, au fil de sa carrière, un
matelas de points dont le nombre varie en fonction de son effort
contributif.
La valeur du point est fixée, chaque année, par les
partenaires sociaux gestionnaires du régime, en prenant en
considération les perspectives de rentrées de cotisations
(donc les variations en temps réel de la population active, les
soubresauts de l'emploi, etc.) et les points à servir.
Pour M. Madelin, l'adoption de ce dispositif pour le régime
général permet une "opération
vérité" sur les retraites, les dépenses s'adaptant
automatiquement aux recettes, et non l'inverse.
Les opposants à cette philosophie soulignent que le
système par points est le reflet exact d'une carrière
professionnelle qui n'autorise, en l'état, aucun
mécanisme de compensation pour les plus fragiles (majorations de
pension pour les mères de famille, les bas salaires, etc.),
à l'inverse de ce qui existe dans le système par
annuités.
Mettre à contribution les entreprises
et les hauts revenus.
La France consacre aujourd'hui 12 % de son PIB aux retraites.
A niveau de pensions de retraite
inchangé, 16 % du PIB devraient y être affectés en
2040.
Est-ce insurmontable ?
La CGT, FO et l'UNSA assurent que non, qui préconisent une
meilleure répartition de la création de richesses entre
les revenus du capital et ceux du travail.
En 1982, la rémunération des salariés
représentait 72,5 % de la valeur ajoutée et les profits
25 %, contre 64,7 % et 31,6 % en 2001.
La taxation des profits non réinvestis et des revenus du capital
(pour FO), une taxe de 12,5 % des revenus financiers des entreprises
(pour la CGT), une taxe sur les opérations de Bourse (pour
Attac), une CSG-retraites de 0,2 % ou 0,3 % (pour la CFDT) pourraient
dégager les marges de manœuvre nécessaires à
l'équilibre financier du régime général des
retraites.
La hausse des cotisations salariales pourrait
toucher, en priorité, les rémunérations les plus
élevées, par exemple en déplafonnant les
cotisations des cadres et des dirigeants.
Pour la CGT, la CFDT et l'UNSA, ces mesures viennent compléter
l'allongement de la durée des cotisations ; pour FO, elles
rendent celle-ci totalement inutile et permettraient même de
réduire cette durée à 37,5 annuités. Mais,
dans une économie ouverte, objectent les soixante-dix-sept
économistes réunis par Rexecode dans l'ouvrage Des
idées pour la croissance (Economica), "un accroissement des
cotisations ou une taxe sur le capital soulève le
problème de la compétitivité du pays".
Les capitaux pourraient déserter la France pour être
investis sous des cieux fiscalement plus cléments et les hauts
revenus pouvant être tentés d'abandonner à son sort
le régime par répartition pour y préférer
les systèmes de capitalisation. Surtout, les entreprises
pourraient envisager de reporter cette charge sur les salariés
et les consommateurs.
Réaménager les "cycles de vie".
Comment allonger la durée
de
l'activité alors que le marché du travail exclut les
travailleurs aux deux extrémités de la pyramide des
âges ?
Des sociologues comme Xavier Gaullier (Le Temps des retraites, Seuil,
2003), certains experts au sein de la CFDT et du CJD, proposent
d'adapter le système de cotisations aux réalités
sociologiques de "l'allongement de la jeunesse" et de la "seconde
carrière"offerte par l'augmentation de l'espérance de vie.
Autrement dit, les séparations entre formation, carrière
et retraite ne doivent plus être étanches : il doit
être possible de cotiser pendant ses études (en
développant la formation en alternance, par exemple), de cumuler
revenu d'emploi et pension de retraite, de percevoir un revenu pendant
les périodes d'inactivité en cours de carrière
(formation, chômage, année sabbatique, etc.).
Mais cela suppose une politique de l'emploi qui incite les entreprises
à conserver des salariés vieillissants, qui valorise et
rende solvables les activités susceptibles d'être
confiées aux travailleurs âgés - et, surtout, qui
modifie des attitudes socioculturelles profondément
ancrées.
Instaurer des fonds de pension. Les déboires boursiers ont
modéré les ardeurs des partisans des fonds de pension,
parmi lesquels figurent les assureurs et les libéraux de l'UMP.
M. Madelin réaffirme nettement cette solution dans le livre
qu'il vient de publier, avec le professeur d'économie Jacques
Bichot, sur le sujet :
Quand les autruches prendront leur retraite (Seuil).
Deux pistes apparaissent possibles : des fonds de pension collectifs (par entreprise ou par branche professionnelle), qui pourraient bénéficier de mécanismes d'abondement de la part des employeurs ; des fonds individuels, qui seraient alimentés par l'épargne personnelle et dont les gains seraient exonérés de l'impôt sur le revenu.
Marie-Béatrice Baudet et Antoine Reverchon
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